• De colère et d'ennui

     

    De colère et d'ennui1832 : tandis que Paris vibre, vacille et gronde sous les coups redoublés de l'épidémie et de la guerre des rues, Adélaïde s'ennuie. Elle frémit dans son salon à la lecture des journaux, se délecte du chocolat que sa domestique lui rapporte de chez Marquis, s'émerveille en recluse des oiseaux du Jardin des Plantes où elle vit, loin des barricades (où Gavroche meurt). Emilie la saint-simonienne se bat du côté de Ménilmontant pour faire entendre la cause féministe. 
    Louise, marchande ambulante du centre de Paris, atteinte du choléra et soupçonnée d'avoir participé à l'insurrection, est soumise à l'interrogatoire du commissaire, du juge et du médecin. Lucie, la mystique en extase, jouit du corps de Jésus, derrière les murs d'un couvent puis le choléra l'emporte. Comment situer ce texte inclassable ? " Tout est vrai, mais rien n'est vrai " nous dit Thomas Bouchet, historien talentueux du sensible et amoureux rigoureux de littérature. 
    Ces femmes sont fictives, mais leur incarnation aux accents hyperréalistes se développe à travers l'usage minutieux des archives. Ce sont le corps et ses humeurs, l'expérience sexuelle, les maux de dents, le goût du chocolat ou celui de l'eau de vie dans les estaminets. La girafe du Jardin des Plantes, les indigènes qui traversent le paysage ou la rubrique des faits divers sont autant d'éclats de réel. 

     

    Editeur :  anamosa
    Genre:  Histoire/Histoire de femmes
    Date de sortie: 8/03/2018
    Prix du livre papier : Broché  18,00€ (176 pages)
    Version numérique: 12,99€ 
    ISBN: 9791095772378 

     

     

     

    De colère et d'ennuiTout d'abord je remercie Masse Critique Babelio et les éditions anamosa pour m'avoir permis de découvrir ce livre.

    L'auteur, historien a recours à la fiction pour mettre en scène quatre femmes de conditions sociales différentes : la bourgeoise Adelaïde, la saint-simonienne Emilie, la marchande ambulante Louise et la mystique Lucie. Une approche originale, des personnages fictifs mais qui pour autant ont bien pu exister sous d'autres noms dans ce Paris des années 1832, tant tout semble si crédible. 

    C'est à travers leurs voix  que nous partageons une histoire sociale et sensible, et en tout premier lieu la condition féminine durant le XIXe siècle.

    4 femmes donc et 4 univers différents. Pour autant leur isolement est identique.

    Adélaïde épouse d'un scientifique du Jardin des Plantes vivant dans un univers protégé s'ennuie. A travers sa correspondance épistolaire nous partageons son quotidien monotone, rythmé par ses promenades dans les allées du jardin, ses visites à la girafe, la lecture de la Gazette qui la tient informée des événements lointains (pour elle qui vit dans un lieu protégé ), et pourtant si proches, il n'y a qu'à pousser le portail, de l'avancée du choléra, des traitements et recommandations possibles et de l'insurrection républicaine. Nous la suivrons à travers ses lettres à son amie sur toute l'année 1832 et découvrirons ainsi les éléments majeurs de cette période. C'est instructif pour qui méconnaît ce contexte historique. Le texte est typiquement écrit dans le style littéraire de l'époque, tenant compte de la condition sociale des intervenants.

    En effet, celui de Louise notre vendeuse des 4 saisons est plus coloré et typique de son statut. Louise suspectée et condamnée, victime d'engagements passés sur un simple concours de circonstance, au mauvais endroit au mauvais moment, délit de faciès ? Ou doute raisonnable, Louise est-elle vraiment celle qu'elle veut laisser croire ?

    A travers les actions d’Emilie, notre engagée Saint-Simonienne, notre avant-gardiste, notre féministe qui se bat pour le droit des femmes, j'ai découvert une communauté et ses actions dont j'ignorais l'existence. Ainsi j'ai fait la connaissance du Père Enfantin réformateur social et créateur d'une sorte de mouvement religieux. Emilie est une jeune femme qui se bat pour son idéologie victime du mépris des femmes et manipulée par les hommes. Née trop tôt pour être entendue et soutenue.

    Quant à Lucie la mystique, j'ai eu bien du mal à suivre ses pensées et ses sentiments dans son journal intime. Ces interventions sont courtes et peu fréquentes.  C'est un personnage qui ne m'a rien fait éprouver ni rien appris, m'ennuyant même à la lecture de ses passages, malgré des textes courts et poétiques.

    Portraits de femmes donc de milieux différents toutes liées cependant entre-elles, enchaînées de manière diverses dans ce statut de femme, consenti pour certaines, imposé pour d'autres et contre lequel certaines se rebellent entre colère et ennui.

    De beaux portrait brossés par notre auteur historien, Thomas Bouchet qui nous offre ici de manière ludique un petit cours d'histoire et de mœurs, le tout dans un emballage original tout aussi ludique entre cartes de Paris de l'époque, situant nos personnages avec en appui un récapitulatif chronologique de l'année en cours, de dessins de lieux en rapport avec ces chroniques . Un livret éducatif et culturel pour les amoureux d'histoire et de volet social. 

     

    De colère et d'ennui 

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 21 Mars 2018 à 13:55
    Ça peut être intéressant, mais pas certaine d'aimer pour autant
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    2
    Jeudi 22 Mars 2018 à 06:42

    Intéressant ! merci pour ton ressenti

    3
    Gaoulette
    Dimanche 25 Mars 2018 à 21:26

    j'aime beaucoup les destins croisés. A noter si un jour je tombe dessus à la bibliothèque. 

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