• Le goût du large

     

     

     

    "Le temps : tout était là, dans ces cinq lettres, cette simple syllabe. J'allais soudain en être riche, ne plus courir après, le nez rivé sur l'ordinateur, le téléphone. Pendant neuf jours, j'allais devenir un milliardaire du temps, plonger mes mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J'allais me gaver d'heures vides, creuses, la grande bouffe, la vacance, entre ciel et mer."

    De l'inaccessible Tombouctou à la mélancolique Tallinn, entre une partie d'échecs fatale quelque part dans un hôtel russe et un barbecue incongru à Kaboul, des clameurs de la place Tahrir au fond d'un trou, dans l'Aveyron... C'est le roman d'une vie et de notre monde que raconte Nicolas Delesalle, le temps d'une croisière en cargo.

     

     

     

    Ce n'est pas facile de chroniquer ce genre de lecture. je ne connaissais pas du tout cet auteur qui s’avère être un grand reporter pour Telerama.

    Cette fois il nous raconte sa croisière sur un porte conteneur le MS Cordoba, amusant  ce nom de cargo qui sonne comme les plus rutilants  de nos navires contemporains de la flotte Costa, insolite aussi comme choix j'ignorais jusqu'à cette heure que ce fut possible. Car Nicolas Delesalle n 'est pas le seul passager , nous y croiserons la très discrète Maïté jeune retraitée. Un navire et son réfectoire VIP ( sourires ), sa salle de sport avec jacuzzi aussi et son équipage Philippins aux prénoms à consonance le plus étonnement espagnole, Dino, Alvaro... 

    Donc pendant 9 jours d' Anvers à Istambul, l'auteur  s’enivrera du gout du large, pas de téléphone, ni internet et surtout du temps. 

    Du temps pour écrire, se souvenir , ouvrir les conteneurs de sa mémoire et étaler sous nos yeux des moments intenses stockés dans ses boites de couleurs.

    Chaque journée est l'occasion de nous faire partager des souvenirs de voyages,  de missions dans des pays en conflits et de ses belles rencontres.

    Car tout tourne autour de l'humain et ainsi l'auteur va nous offrir le plus beau des voyages.

    Intensité, émotion, un kaléidoscopique de couleurs locales, des hommes et des femmes dans des situations difficiles qui dans des zones de  conflits vont vous remuer les tripes. Car l'auteur nous livre des tranches de vie, d'un univers de guerre ( Intifada, génocide au  Rwanda, conflit en Afganistan entre autres) sous un angle différent de celui des médias qui pour autant nous bombardent sans cesse de toutes  ces atrocités vécues à travers le monde. Oui,  parce que c'est vraiment sur le coté humain de personnes ordinaires qu'il met l'accent dans ces contextes géo-politique, la relation humaine donne aux conflits une toute autre dimension, explique beaucoup de choses.

    En parallèle, nous assistons à des échanges avec les membres d'équipage, et une fois encore nous découvrons que l'auteur s'attache aux autres, que l'individu compte énormément pour lui, il écoute ,raconte et ne juge pas, on devine un homme de cœur .

    J'ai beaucoup apprécié cette lecture, un récit  sous forme de carnet voyage, l'ouverte de toutes ses boites mystérieuses , ces conteners  de couleurs rangées tout au fond de chacun de nous, dont les autres  ignorent le contenu .

    Un beau partage , un auteur , dont le style m' a conquis ( phrasés, traduction des horreurs et humour parfois)  et une lecture addictive, bien qu'à l'issue du voyage il n'y ait rien à attendre, mais j'ai particulièrement aimé rencontrer tous les personnages croisés par le journaliste alors qu'il sillonnait la planète, oui j'étais là suspendue à ses lèvres , enfin ses mots.

    Le récit qui m'a le plus remué : la rencontre avec Sari, beaucoup d'émotions,les yeux aux bord des larmes. l'auteur croit en l'humanité, et a travers toutes ces rencontres dans des situations effroyables, l'espoir pointe le bout de son nez. Nous oscillons donc entre désespoir face à toutes ces atrocités commises  à travers le monde et foi en un avenir meilleur, les hommes et les femmes  de ces zones de conflits y croient pourquoi pas nous ?

    Mais par ailleurs,  je suis restée assez surprise parce que je m'attendais à plus de moments et d’émotions décrites sur le voyage en cargo lui même, sentir davantage l'odeur des embruns, découvrir le volet croisière cargo, connaitre les raisons d'un tel voyage, ressentir davantage le goût du large

     Merci aux éditions Prélude set à NetGalley pour m'avoir permis de faire cette belle découverte

    Un auteur a découvrir ma prochaine lecture : Un parfum d'herbe coupée

     

     
     
     

     

    Le saviez vous ?

    L'agence Mer & Voyages, spécialisée dans les voyages en cargo, propose un voyage vers Ambarli, en Turquie, en passant par Anvers (Belgique)et Gebze. Environ neuf jours à bord du porte-conteneurs MSC Cordoba, à partir de 1 210 €, base chambre double. Un départ par mois toute l'année.
    Renseignements au 01 49 26 93 33 ou sur www.mer-et-voyages.info

     

     Extraits citations

     

    "il meurt lentement celui qui ne voyage pas" Pablo Neruda

     

    "je me sens proche de ce cargo, je devine qu'il est vivant, à sa manière; il cache une âme sous cet acier rongé par le ciel marin et repeint mille fois Moi aussi, je suis rongé et repeint mille fois Et moi aussi, je suis venu avec mes boîtes Le chargement a duré toute une vie"

     

    "... on croque la vie de toutes ses dents  et puis un jour on se réveille et çà y est , on est vieux, comme l'hiver qui vient un matin, on ouvre la fenêtre et tout est blanc"

     

    "les membres de Daesh devraient profiter de leurs vacances pour voyager en cargo. Le monde est plus beau vu de l'eau"

     

    "-Savent ils que les Hazaras existent ? que nous vivons en paix ?(..) je n'ai pas osé lui dire qu'avant de venir dans son pays,moi même, j'ignorais l’existence des Hazaras. J'avais honte  -"non, désolé peu de français le savent. (..) -Comment peut on faire pour s'en sortir si personne sait que nous existons ?"

     

    " je comprendrais plus tard que les dieux disent la vérité: tout est normal et c'est la catastrophe"

     

    "j'ai compris que la vie ne valait pas grand grand chose par ici. Qu'en Afrique, les petits idéaux d' Occidental fondaient en flasques de sueurs ou de larmes et s’évaporaient aussitot"

     

    "- tu vois, dans la vie, il faut accomplir ses rêves malgré tout; il a toujours une bonne raison de ne pas se lancer, il faut aller au-delà"

     

    Presque

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 18 Mars 2016 à 11:06

    Je vais essayer de le trouver par contre j'ai le livre un parfum d'herbe coupée. 

    J'ai envie de découvrir ce livre.

    2
    Vendredi 18 Mars 2016 à 17:12
    LADY MARIANNE

    coucou Missnefer !!
    on ressent bien l'atmosphère du voyage avec ton ressenti- oui un homme qui aime découvrir et aime son prochain--
    bon week-end- bises !

    3
    Samedi 19 Mars 2016 à 08:40

    petit coucou rapide ! bizz

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