• Quand la nuit devient jour

     

    Quand la nuit devient jourOn m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
    La dépression. Ma faiblesse.
    Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
    J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.

    Le 6 avril 2016. Par euthanasie volontaire assistée."

    Editeur : Pygmalion
    Genre:  Romance contemporaine
    Date de sortie : 10/1/201
    Prix du livre papier :  Broché : 16,00€  Poche :
    Version numérique: 6,49
    Nombre de pages :  235 

     

    Quand la nuit devient jourOh la vache ! me suis-je exclamé à la lecture de la dernière ligne. À partir de là, je suis demandé comment j'allais exprimer mon ressenti sur ce roman.

     Tout d'abord, je dois dire que je me suis lancée en aveugle dans sa lecture. Ça m'arrive souvent pour les livres qui sont dans ma PAL, quand on me les a donné, ou quand ma binôme m'embarque dans une LC.

    C'est une immersion totale et une découverte formidable tant l'on n'est pas parasitée par  la 4e de couverture, bien souvent trop spoliante tout comme certaines chroniques qui en disent plus qu'il n'en faut, et au terme desquelles, il n'est plus utile de lire le bouquin vu que tu sais tout de l'intrigue. 

    Mais ici, Sophie Jomain ne gâche rien dans son résumé. Hormis le fait que le thème nous y révélé, les surprises sont au rendez-vous. Un roman détonnant que nous offre l'auteure, si différent  des ces romances drôles et pétillantes comme Cherche jeune femme avisée. Celui-ci est particulièrement sombre tant le désespoir, la souffrance de Camille vous frappe de plein fouet.

    L'auteur explore avec justesse, finesse et sensibilité la dépression, les troubles compulsifs : alimentaires et mutilations, mal être permanent, et cette envie de mourir pour que la douleur disparaisse.  C'est le quotidien de Camille qui malgré tous les efforts de ses parents aimants, passe de la boulimie à l'anorexie, puis aux mutilations, aux tendances autro-destructrices, aux TS pour en arriver à l’euthanasie.

    Dans le premier tiers du récit nous suivons la descente aux enfers de notre héroïne. Sophie Jomain y maîtrise son sujet. Pas à pas elle pousse le lecteur à s'interroger, l' incite à compatir, à prendre tantôt la place de Camille, tantôt celle des parents. Comment et pourquoi une jeune fille qui a baigné dans une enfance heureuse, est entourée d'une famille aimante  et investie, peut-elle souhaiter  mettre un terme à sa vie ? Suffit-il de le vouloir pour sortir la tête de l'eau ? 

    Sophie Jomain nous touche en plein cœur, suscite une avalanche d'émotions. Les passages qui mettent face à face Camille et ses parents sont violents et douloureux. On souffre pour elle et eux.

    Dans une deuxième partie, bien qu'elle ne soit pas spécifiquement définie, nous partageons le  quotidien de notre héroïne  dans ce compte à rebours qui va la mener à la délivrance finale. Là encore Sophie Jomain explore avec talent tous les sentiments éprouvés par Camille, qui sur ce chemin vers le jour J va croiser la route de Marc Peeters, son accompagnateur et psychiatre.

    L'auteure aborde une thématique sujette à débat : Le droit de mourir. Sujet particulièrement tabou, d'autant que non content de diviser les penseurs, ici le schisme entre les pour et les contres ne peut que s'accentuer tant la question autour de : La dépression est-elle un mal incurable ? ne peut que perturber le débat.

    Au fil des chapitres, l'auteure nous laisse entrevoir une leur d'espoir, et je n'ai pu que penser à Pas sans toi de Jojo Moyes. C'est pourquoi jusqu'à la fin, je n'ai su que penser. Sophie Jomain nous offrirait-elle un happy-end ? D'ailleurs celui-ci était-il vraiment possible ? Camille allait-elle être capable de faire marche arrière ? Marc parviendrait-il à mener sa mission à terme ? 

    Car un médecin est là pour guérir ses patients et là encore l'auteur a bien retranscrit les émotions de l'équipe médicale qui entoure Camille. J'ai donc adoré le personnage de Marc et cette intrusion romanesque, sans qu'elle ne soit trop puissante, dans le roman. Sophie Jomain brosse très finement le portrait psychologique de nos personnages. Ils nous émeuvent, nous font rire parfois. Il nous font espérer. 

    L'auteure laisse entrevoir un bout du tunnel pour ceux qui ne croient plus, au bout duquel quelqu'un peut être là pour tout changer. Encore faut-il que ce ne soit pas trop tard. La question de le vouloir reste en suspens, et encore une fois, se justifie-t-elle ?

    Que dire du dénouement, à part " oh la vache !" de mon introduction ?  Tout simplement  que je  ne peux en dire rien de plus, tant il serait dommage que le lecteur potentiel le devine, ce qui gâcherait le plaisir de la lecture. 

    Énorme coup de cœur pour un roman qui sort du registre habituel de Sophie Jomain plutôt du genre à écrire des romances rafraîchissantes  ou romans fantastiques ( Les étoiles de Noss Head sont dans ma PAL, il serait peut-être temps que je les sortent). Âmes sensibles sortez vos mouchoirs  avant de lire ce roman poignant et bouleversant qui traite d'une très grave pathologie qui ne se voit pas mais aux dégâts dévastateurs parfois irréversibles 

     

    Quand la nuit devient jour

     

     

     Quand la nuit devient jour

    L'auteur :

    Nationalité : France
    Né(e) à : Villefranche-sur-Saône , le 10/12/1975
    Biographie :

    Sophie Jomain est auteure de romans fantastiques pour jeunes adultes et adultes.
    Douée pour les arts plastiques et la musique, elle obtient un diplôme d’une bonne école de commerce. Mais cet univers ne lui correspond vraiment pas.
    Elle commence des études d’Histoire de l’Art puis découvre l’archéologie. Passionnée, elle se consacre à l’histoire de la Gaulle romaine et celtique.
    Après six années de chantier archéologiques en France, la naissance d’une petite fille décide d’un long congé. Sophie Jomain commence ainsi à écrire.

    En août 2010, les éditions Elzévir publient à compte d'auteur "Vertige", le premier tome de sa série fantastique "Les étoiles de Noss Head" inspirée par les Highlands et plus précisément Wick (Écosse) où elle a séjourné.
    En octobre 2011, elle signe son premier contrat à compte d'éditeur avec les éditions Rebelle qui reprendront "Les étoiles de Noss Head" dont il publieront le cinquième et dernier tome en 2014.
    La série, annoncée par les Éditions J'ai lu comme étant la première série New Adult française, connaît un succès qui permettra à Sophie Jomain d'être éditée chez de plus grands éditeurs en France ainsi qu'à l'étranger.
    En parallèle, Sophie Jomain publie son premier roman d'urban fantasy en 2011 aux Éditions Rebelle, "Les anges mordent aussi", le premier tome de la série "Felicity Atcock".
    Grande lectrice de romance, en 2013, elle décide de se lancer dans le genre et publie "Cherche jeune femme avisée" aux Éditions J'ai lu en 2014, puis "D'un commun accord", la suite, en 2015, chez le même éditeur.

    son site : http://www.sophiejomain.com/
    page Facebook : https://www.facebook.com/Sophie-Jomain-306850776007796/

     

     

    Extraits citations 

     

    « Être libre de mourir comme on le souhaite, c’est aussi être libre de vivre comme on l’entend. »

     

    'Sachez que je vous ai aimé, et que depuis vous, la nuit est devenue jour.

     

    "- et vous pensez que les médecins n'ont pas de prénoms ? qu'ils sont nés avec une pancarte "docteur "autour du cou ?"

     

    "Oui j'ai obtenu et goûté à tout ce quu'ne petite fille pouvait rêvé d'avoir, mais je ne ressentais pas la moelle de la vie, je ne possédais pas l'essentiel : la raison d'être"

     

    " j’étais comme étrangère à ce monde, à ce qui m'entourait, perdue quelque part, cachée dans un corps qui ne semblait pas être le mien"

     

    " en réalité, j'en viens à douter de sa capacité à me laisser de marbre un jour. Je pense qu'il ne cessera jamais de me surprendre"

     

    " Ma vie est une parodie. Un simulacre d’existence. Je n'en peux plus" 

     

    " Je suis encore jeune, les gens ne tolèrent pas que la mort reçoive une vie en cadeau, elle qui passe deja son temps à la voler."

     

    " la mort est douce pour ceux qui l'ont choisie. Dure pour ceux qui restent"

     

    " Ce qui me ronge est indéfinissable,  violent et insoutenable. "

     

    "- il ne s'agit pas  d'apprendre à être heureuse, mai d'accepter que je ne le serai jamais."

     

    " je n'ai  moi-même jamais  su expliquer pourquoi je vis ma vie comme un châtiment, une condamnation. Comment ceux qui m'ont donné la vie pourraient-ils admettre mon choix ?"

     

    "Même médicalisée, entourée de médecins, de ma famille l’envie de mourir pour éteindre ce feu qui brûlait en moi e r ne m' a jamais quitté, je savais que tôt ou tard je mettrais fin à mes jours "

     

    " (...) je n'aime pas mon corps, ma vie, je somatise, je soufre, je mange pour éloigner la douleur"

     

    " Mon corps était devenu un sac qu'il fallait remplir, une poche que je ne pouvait laisser vide de peur d'y découvrir qui était à l’intérieur : une erreur de la nature,  une anomalie"

     

    " Elle va mourir heureuse et moi  je vivrai le cœur en lambeaux"

     

    " il me reste  désormais 10 jours pour profiter de cette vie  qui m'a tant démunie et m'offre sa clémence en cadeau d'adieu"

     

    " Je suis sidérée par la manière  dont je vis  ces jours , abasourdie de ressenti de le joie, l'envie et l'apaisement, c'est un véritable tournant  auquel ke m'attendais pas, mais  ce qu'il fait là me tire à nouveau vers le bas "

     

     

    Quand la nuit devient jour


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  • Commentaires

    1
    Lundi 4 Novembre 2019 à 08:10

    Bonjour Missnefer, j'espère que tu vas bien. Ce livre aborde un thème en effet qui interroge beaucoup, peut faire peur aussi. 

    J'espère que ça va bien de ton côté et que tes projets avancent. J'aurais plaisir à avoir de tes nouvelles.

    A bientôt. Biz.

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    2
    Gaelle
    Vendredi 8 Novembre 2019 à 08:37
    On lavait dans notre book jar ce roman LOL
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