• Si c'est une femme

     

     

    Elles étaient, pour les nazis, des déclassées, des « bouches inutiles » : résistantes, Tziganes, Témoins de Jéhova, malades, handicapées physiques et mentales, prostituées ou juives bien entendu. Venues de trente pays différents, de plus en plus nombreuses au fil des conquêtes allemandes, ces femmes endurèrent la brutalité et la perversité des nazis dans le camp de Ravensbrück.

    Ouvert en 1939, le camp, situé à 80 kilomètres au nord de Berlin, est le seul camp à avoir été construit dans le but d’y enfermer des femmes. Elles y étaient battues, affamées, torturées, exécutées par balles, gazées, empoisonnées, mordues par des chiens, elles servirent de cobayes pour des expériences pseudo-médicales, subirent des avortements forcés, étaient assommées et tuées par le travail forcé (notamment pour l’usine Siemens).

    La journaliste britannique Sarah Helm a mené un travail d’enquête minutieux pour retrouver les familles des déportées, en Pologne, en France, en Hollande, en Israël, elle a même rencontré les dernières rescapées encore en vie, dispersées partout dans le monde. De ce babel géographique et social, naissent des portraits de femmes qui ont, toute leur vie durant, gardé le silence. Pourquoi ? Par peur de ne pas être crues, mais aussi, disent-elles, parce qu’il fallait vivre et que se rappeler la terreur et les souffrances aurait été de trop. Arrivées au crépuscule de leur vie, leur parole se libère.

    Entre 1939 et 1945, 132 000 femmes– dont 8 000 Françaises – et enfants ont séjourné à Ravensbrück, et jusqu’à 50 000 ont été exterminés. Pourtant, pendant plusieurs décennies, l’histoire du camp de Ravensbrück est restée plutôt marginale. Cet ouvrage vient aujourd’hui combler ce vide et compléter les travaux pionniers de Germaine Tillion.

    En écho à Si c’est un homme de Primo Levi, Sarah Helm interroge l’indicible, cette impossibilité de raconter l’horreur, mais elle tente surtout de répondre à l’exhortation de

    Primo Levi, celle de ne « jamais oublier ce qui s’est passé ».

     

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    il y a quelques années  j'avais lu  Si c'est un homme de Primo Levi. Mon fils l'avait étudié en cours. Ce livre autobiographique m'avait remué aussi, tout comme lui. Les années ont passé et pourtant tout est dit et plus que dit, alors que rechercher dans ce documentaire? 

    Enfin je pensais en apprendre un peu plus sur la conditions des femmes , si ce n'est qu'au fil des pages je me suis aperçue que je ne savais finalement bien peu de choses , voire  pratiquement rien ! Et se plonger dans cette lecture c'est pour moi quelque part rendre hommage à ces oubliées. Ici à travers ce documentaire  l'auteur veut mettre  en avant que  la machine de destruction infernale ne touchait pas que les  Juifs mais toute personne jugée impure, tziganes, témoins de Jéhovah , handicapées, résistantes .. toutes  nationalités confondues y compris les Allemandes pour diverses raisons .Elle lève le voile sur un pan de l'histoire de ce camp et de toutes ses femmes,et ce n'est pas le nombre qui compte , mais plutôt qui elles sont, mettant en avant ces anonymes en les nommant , leur rendant vie . Que Ravensbruck soit enfin reconnu comme un camp de la mort au même titre que les autres.

    Une enquête particulièrement bien ficelée, sur les conditions de vie des femmes dans ce camp, l’auteure donne voix à ces héroïnes inconnues. Elle rend compte avec justesse, et sans excès, de la terreur quotidienne et des ­effroyables tortures infligées aux détenues. Mais, aussi, de la solidarité et du courage dont elles firent preuve.

    La vie du  camp y est disséquée,  l'auteure nous fait suivre , gardiens, prisonnières, collaboratrices, mouchardes et résistantes. Nous suivons leur histoire mais aussi les évènements parallèles, l'évolution de la guerre, les actions d'aide de la Croix Rouge quand celle ci se manifeste enfin jusqu'à l’épilogue jusqu'au procès de Nuremberg , et même jusqu'à aujourd'hui C'est émouvant, douloureux.

    Un constat sur la nature humaine à la fois effrayante avec toutefois une note d'espoir, devant la solidarité entre ses femmes et leur volonté inébranlable de croire, esperer, survivre, rendre compte, se battre à leur manière avec leur pauvres moyens. et surtout résister

    Des témoignages qui nous font nous questionner sur nous même, que serions nous demain dans de telles circonstances ? Mon âme,mes convictions, mes valeurs humaines seraient elles brisées par la machine infernale? Accepterais-je de fermer les yeux, ne ne pas tendre la main de crainte d'en subir les conséquences, jusqu'à degré de résistance physique et psychologique pourrais je aller ? Deviendrais-je lâche ? Vendrais-je mon âme pour un morceau de pain ? Deviendrais-je un monstre ? Ou  au contraire le meilleur de moi même serait transcendé ?

    Ce témoignage est bouleversant devant la cruauté de certaines femmes, parce qu'on a beau dire devant les atrocités commises par les hommes, qu'une femme ne ferait jamais de telles choses et pourtant ... Idées préconçues de fait, les monstres sont partout, on le voit bien aujourd’hui le pouvoir sur les autres ouvre la porte à bien des horreurs, les enfants eux même que l'on considère comme des êtres innocents et purs se rendent parfois coupables d'horreurs sans nom.

    Ce documentaire ne peut se lire que sur un temps assez long, d'abord parce que c'est terrible,   et que c'est un pavé , tellement il est riche d’événements  renvoyant à de nombreuses références historiques. De plus il frappe bien plus fort , oui parce que je suis une femme donc forcement, c'est une lecture viscérale qui vous tord le ventre quand vous ne pleurez pas.

    Une lecture donc particulièrement éprouvante qu'il faut alterner avec quelque chose de plus léger, après tout il n'y a pas d'intrigue donc on ne craint pas d'en perdre le fil. Certaines âmes sensibles auront peut-être du mal à en venir à bout

     Je remercie Netgalley et les Éditions  Calmann-Levy pour m'avoir permis (une fois de plus) de faire cette magnifique enrichissante lecture , douloureuse certes, mais combien riche de sens en faisant  revivre certaines de ces détenues. Un livre mémoire qui leur rend un magnifique et vibrant hommage Bravo à l'auteure à son travail d'investigation qui a du être  incroyable car retrouver des femmes si longtemps après ne devait pas être simple , d'autant que certaines suite à ces épreuves les avaient enfouies profondément en elles ,au point de parfois de refuser d'évoquer ses souvenirs du camp.

    Un livre fort, terriblement poignant,qui vous remue aux tripes et qui n'est que le témoignage de la brutalité humaine,de la méchanceté , de la soif de pouvoir et de profit et de suffisance au point de se croire d'une race de Seigneur.Mais c'est aussi une leçon de vie et d'espoir et de d'une capacité de résistance aux tortures physiques et psychologiques Un livre écrit pour ne jamais oublier .

     

     

    Extraits citations

     

    "quelqu'un attrape le voleuse, une  Russe, qui répond Nie Ponimayou, nie ponimayou Une  Française se jette à bras raccourcis sur elle en criant  Ni-pou-ni maille toi- même, espèce de brute ! mais quelqu'un lui explique que Nie pounimayou,veut dire  Je ne comprend pas "

     

    "L'abomination n'était pas le seul pan de l'histoire de Ravensbruck qu'on était en train d'oublier Il y avait aussi la lutte pour survivre"

     

    "Ravensbruck est souvent décrit comme un camp de travail   Une expression qui amoindrit l'horreur de ce qui s'y s'est passé

     

    "quand je lui demandais comment elle avait survécu elle répondit  Parce nous croyions en la victoire. J'aurais du le savoir"

     

    "si la famille est la source de vigueur de la nation la femme en est le cœur , le noyau dur"

     

    "bien que des milliers d'asociales fussent mortes à Ravensbruck pas une seule rescapée (..) ne fut invitée à témoigner aux procès pour crimes de guerre de Hambourg.."

     

    "le camp semblait dirigé par les détenues et l'une d'elle cette anglaise portait matraque et cravache  Et pourtant Julia Barry voulait manifestement aider"

     

    " dans les derniers mois de la guerre, les gazages de Ravensbruck avaient pour objectif de gagner de la place et d’économiser de la nourriture mais aussi de réduire le nombre de détenues susceptibles de tomber dans les mains ennemies"

     

    " les gens ne savaient rien de nous Il ne savaient même pas  où nous étions"

     

    "(..) leur souhaitant bon voyage Il espérait qu'elles ne conserveraient pas 'un souvenir désagréable" de leur séjour au camp"

     

    " les camps de la mort juifs montrent  ce que l'humanité a été capable de faire à tout un peuple Ravensbruck montre ce qu'elle a  été capable d'infliger aux femmes"

     

    ©S Helm

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Gaoulette
    Samedi 4 Juin 2016 à 19:38
    Âvec ta chronique tu m'as convaincu je regarderais s'il est prevu en ebook sinon j'irais à la librairie.
    2
    Patpepette
    Samedi 4 Juin 2016 à 20:01

    Superbe chronique qui me donne envie de le lire même si je comprends qu il doit être très éprouvant. S il sort en book je le lirais

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