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Si la lune éclaire nos pas
Un roman d'une actualité brûlante qui rappelle le sort des millions de déplacés à travers le monde. » Washington Post Kaboul est entre les mains des talibans. Depuis que son mari, considéré comme un ennemi du régime, a été assassiné, Fereiba est livrée à elle-même. Si elle ne veut pas connaître le même sort que son mari, elle doit fuir. Après avoir vendu le peu qu'elle possède, elle entreprend un voyage périlleux avec ses trois enfants, dans l'espoir de trouver refuge chez sa sœur, à Londres. Comme des milliers d'autres, elle traverse l'Iran, la Turquie, la Grèce, l'Italie et la France. Hélas, les routes de l'exil sont semées d'embûches : que devra-t-elle sacrifier pour de meilleurs lendemains ?
Je remercie NetGalley et les éditions Milady pour m'avoir permis de faire cette magnifique lecture.
Ce récit n'est pas un témoignage comme Nujeen, l'incroyable périple, mais une fiction émouvante et réaliste qui pourrait bien être celle d'un de ces migrants qui fuient leur pays en guerre. La famille Waziri victime des violences perpétrées par les Talibans est contrainte de fuir l' Afghanistan. Aucune alternative pour elle, si ce n'est ... mourir. Fereiba abandonnée a son sort suite à l’enlèvement et l’assassinat de son mari, ne possède aucun moyen pour subvenir à ses simples besoins comme se nourrir Plus de famille, tous ayant déjà quitté le pays. Elle n'a pas le droit de sortir de chez elle sans homme, ni travailler.
Nous suivons l' Odyssée chaotique et périlleuse de cette jeune veuve et de ses jeunes enfants dont l'ainé Salim sort tout juste de l'enfance et qui va devoir prendre en quelque sorte la place du père absent.
Nous nous plongeons rapidement dans le monde de Fereiba, dans un milieu culturel à mille lieux du notre avec ses coutumes ancestrales, (toujours en application et pourtant nous sommes en 1990) , déjà strictes bien avant le règne des talibans. Nous découvrons les rituels des mariages arrangés entre autres, le mode de vie de la femme Afghane bien avant que ne lui soit imposée la burqa et toute autre mesure restrictive, comme l’interdiction de travailler.
Au fil de ce récit poignant durant lequel nos protagonistes luttent pour survivre, s'interrogeant parfois sur le bien fondé de leur tentative, nous nous attachons à ces personnages qui nous émeuvent par leur force de caractère et qui survivent victimes d'humiliations constantes dans des lieux de vie indignes. Rejetés refoulés par toutes les communautés, quelques rares et belles rencontres humaines leur permettent de garder espoir en un avenir meilleur.
Nous découvrons notre propre monde à travers les yeux de Salim, un jeune adolescent, grandi trop vite à qui la folie des hommes a volé son enfance.
Je suis tombée et me suis relevée avec lui, tremblée et espéré, à chaque page de l'émotion, des rebondissements rendant cette aventure addictive.
Les personnages sont charismatiques, attachants, plus vrais que nature avec leur force et leurs faiblesses. C'est une histoire d'amour qui s'est construite entre un homme et une femme malgré un mariage convenu.
Le plume de Nadia Haschimi est fluide, poétique terriblement additive. Dans le contexte brulant actuel il est bon de se rappeler pourquoi certains fuient leur pays. Bien sûr cela ne résout pas les problèmes actuels, mais peut-être permettre à l'homme de trouver un peu de compassion au fond de son âme.
Un énorme coup de cour pour ce roman, tant pour l'histoire que pour la plume de Nadia Hachimi.
Extraits citations
"une tombe de bric et de broc marquant la vie fin d'une vie de bric et de broc"
"cette année en voulant mettre mes enfants hors de danger, j'ai eu le sentiment d'être une criminelle plus qu'autre chose. Même la recherche du bien est teintée d’ambiguïté"
"- c'est vrai, il n'y avait pas de travail et la guerre était terrible Les gens attendaient ... la paix ou la mort. "
"les haines ne meurent pas , les gens si"
"celui qui risque le plus de se noyer dans la rivière est celui qui croit savoir nager"
"sur une terre hostile, l'amour pousse comme une herbe folle"
"une autre cour, une autre parade, une savante chorographie de flatteries"
"quand tu vois des choses hideuses, imagine les belles. Avale du poison, mais goûte la douceur du miel © Rabia poète Afghane.
"sur le chemin du temple de ta quête suprême
Par centaines les cimes se dresseront devant toi
Avec la ténacité pour hache, abats les une à une
Et ainsi tes rêves seront à portée de mains"
Poème Afghan
"- certaines personnes ont peur de ce qu'elles n'ont jamais vu"
"quand mon mari et moi décidâmes de fuir notre pays, l'attrait de l' Europe se trouvait réduit à une unique qualité, la plus séduisante, la paix"
© N. Hashimi
Tags : drame contemporain, exil, migrants, survie, guerre, Talibans, litterrature américaine, auteur afghan, Nadia Haschimi
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