• Toutes les femmes s'apellent Marie

     

     

    Marie est jeune, belle et veuve. Elle aime plus que tout son fils handicapé mental, Emmanuel, qui ne peut littéralement pas se détacher de cette mère tant aimée. À l'adolescence, le trop-plein d'amour d'Emmanuel transforme radicalement la relation entre la mère et le fils. Radicalement et dangereusement, selon la morale établie. Avec ce court roman, Régine Deforges signe une œuvre littéraire puissante, dans la veine de Pour l'amour de Marie Salat ou L'Orage. Un texte entêtant qui pose la question dérangeante mais nécessaire de la sexualité des handicapés : comment appréhende-t-on les besoins physiques et affectifs des personnes dont la différence ne permet que rarement une sexualité dite "normale" ? Toutes les femmes s'appellent Marie est un roman d'engagement, dans la lignée des combats que Régine Deforges mène pour le droit des femmes et la liberté d'expression.

     

    Toutes les femmes s'apellent  Marie

     

     

    Sous forme de romance Régine Desforges tente de nous sensibiliser à cette question  dérangeante et troublante que je pense peu de gens se posent : qu'en est il de la sexualité des personnes handicapées ?

    Déjà que parler de sexualité reste un sujet assez tabou, que dire quand on la lie au  handicap, et je ne parle pas ici d’handicapé physique lié à un accident grave,(celui là dans l'esprit des gens reste assez tolérable à regarder), mais non je parle de tous les, autres , trisomie et autres handicaps de même registre, associons y sexualité et là  waouh, je suis sure que tout le monde ne sait plus ou regarder.

    Oui c'est dérangeant et ce livre est un livre écrit pour interpeller, déranger et pourra même choquer.

    Ce n'a pas été mon cas, non je n'ai pas été choquée ,remuée oui, mais pas choquée, parce que dans mes premières années d’école d'infirmières je me suis retrouvée  faire un stage dans un hôpital   psychiatrique. Il y avait un secteur pour les enfants et adolescents, pas forcement hospitalisés  pour des troubles psychiatriques, mais beaucoup d'entre eux ce trouvaient là avec des retards mentaux. Parmi eux un jeune homme qui aurait pu être Emmanuel, 15, 17 ans un grand et beau jeune homme, un homme physiquement , toujours nu, et en érection constante, (les soignants ne parvenaient pas à le tenir habillé)  Un regard inquiétant, vide ou  animé de pulsions selon son humeur. C'en était très perturbant surtout pour moi , jeune fille de 18 ans qui découvrait le monde  et ses tristes réalités (40 ans ont passés déjà) .Ce stage en psychiatrie ne fut pas facile, Personnellement je n'étais pas responsable de ce secteur mais nous nous retrouvions  avec les autres stagiaires pour nous remonter le moral et échanger nos impressions  je  dois avouer que n'enviais pas le moins du monde mon amie stagiaire dans ce secteur.

    C'est pourquoi cette histoire très romancée, m'a parue très crédible. Un peu trop magnifiée bien sur. Emmanuel bien trop intelligent, Marie si admirable , sans parler de l'entourage si tolérant. Les points de vue ne sont que d'une seule voix , unanimes, et peut être , il manquait un peu d'opinions divergentes pour faire débat.

    L'auteur s'est très engagée dans ses opinions comme elle le dévoile dans l'épilogue avec ses références , aux luttes et réactions des ministres ici Roselyne Bachelot

    L'histoire est contée à travers  plusieurs témoignages , celui de Marie bien sur, puis par tous les protagonistes de l'histoire : Jean le médecin , Gisèle sa femme, le curé ( et c'est là que mon avis est mitigé, la religion est assez moralisatrice , ce curé là est une personne très tolérante , oui bien sur il le doit mais quand même je reste septique sur de telles réactions), Marie Louise la femme à tout faire et d'autres personnages de moindre importance dans l'histoire qui sont  toutefois attachés à Marie. Pas de réaction de la mère par contre, qui reste inexistante dans cette histoire, juste une allusion en début .

    Donc  disais je un parti pris total pour expliquer la relation Marie/ Emmanuel  et nous interpeller vraiment et j'avoue que çà fonctionne très bien.

    L'auteur situe les personnages dans un temps approximatif, on suppose après la première guerre mondiale, elle  tourne autour des personnages clefs, Marie, Emmanuel, Jean (avec tous des noms bibliques) et il est souvent fait allusion à la religion, à des prières , à un appel à l'aide auprès de Dieu . La situation géographique et descriptive est inexistante, Des villes nommés par une lettre majuscule , comme également les autres personnages qui interagissent. ici. Car en fait ce n'est pas important, c'est juste l'histoire d' amour entre une mère et son enfant handicapé.

    L'histoire est émouvante, ébranlante, perturbante surtout les dernieres lignes . Mais la question reste que faire ? Hormis ces moyens détournés pour palier à ce manque dont nous parle l'auteur.

    Elle évoque un projet de lois pour légaliser les assistants sexuels en 2010 proposé par un député d' UMP, je l'ignorais totalement.Ainsi elle évoque des solutions dans d'autres pays (les pays Bas La Suisse) ou l'accompagnement érotique existe depuis au moins 2 décennies. la France encore encore en retard sur un sujet sensible, ici sévit une pensée moralisatrice trop forte. Il existe toutefois des personnes formées qui ne peuvent être rémunérées car ces pratiques deja jugées choquantes  seraient sanctionnées car considérées comme du proxénétisme ( qu'elle ironie !)

    " Je trouverais plus sain d’être rémunéré comme dans d'autres pays, mais en France cela est interdit et assimilé à du proxénétisme." Pascal 50 ans , kiné, psychologue et aidant sexuel.

     

    Je suis persuadée que ce roman va recevoir des avis très controversés, certains vont détester cette relation amorale entre une mère et son fils c'est sur,  d'autres saisiront le message de l'auteur

     

     

    Instructif et qui nous fait nous questionner et moi Marie en tant que mère qu'aurais fait ?

    je saisis très bien la portée du titre

     

     

     

     

    Extraits citations

     

    " Je n'aime guère le mot confession qui signifie pour moi un aveu, quelque chose que l'on doit se faire pardonner, un regret un remord. Des remords, je n'en ai pas. Des regrets, j'en ai des  milliers. je n'ai rien a me faire pardonner et quant à pardonner, je ne le puis; on ne pardonne pas au vent qui souffle en tempête, on subit. Il devrait exister un mot dans la langue française pour dire la colère, la révolte qui gronde en moi mais la France est un pays trop chrétien pour qui la colère est un péché mortel "

     

    " avant de mourir dans la dignité il faut vivre dans la dignité et cela est difficile"

     

    " j'ai 54 ans et je n'ai jamais été prise dans les bras d'une personne de l'autre sexe, j'aimerais connaitre cela avant de mourir"

     

    " et cette réalité  fort dérangeante : ces aides soignants confrontés aux pulsions de leur malades, ces éducateurs qui racontent qu'ils sont " bien obligés  d'emmener leurs pensionnaires aux putes" ou bien cette  femme de 60 ans  demandant que quelque chose soit mis en place pour qu'elle n'ait plus, tous les matins à masturber son fils handicapé mental, sous la douche.."


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  • Commentaires

    1
    Samedi 4 Juillet 2015 à 08:17

    Interessant ! passes une belle journée

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