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Histoire d'une mère LC
« Je n’aime pas Lilly. Non, je ne l’aime pas. Je n’ai même pas d’affection pour elle. Je déteste jusqu’ à son nom, et je n’ai aucune envie de passer du temps avec elle. Je m’en veux terriblement de dire des choses pareilles, et même de les penser, mais c’est la stricte vérité. » Et dire que ça aurait dû être un « heureux événement ».
Ceux à qui Jess a annoncé la bonne nouvelle n’ont que ce mot à la bouche. À commencer par sa mère, qui lui assure que, dès le premier regard, elle ressentira pour son enfant un amour si puissant qu’il lui permettra de surmonter tous les obstacles. Les obstacles ? Oui, quelques effets secondaires non souhaités et gênants : l’épuisement, les hormones en chute libre, le découragement. Hélas, à la naissance de sa fille, Jess ne ressent rien. Est-ce à dire qu’elle est une mère indigne ? Comme beaucoup de jeunes femmes, Jess n’était pas prête. Ou plutôt, elle ne s’attendait pas à ça, parce que la société entretient un savant mensonge autour de la maternité. Incapable de tisser un lien avec son enfant, Jess part à la dérive. Seule face à cette épreuve, elle découvre en elle une monstruosité qu’elle ne soupçonnait pas. Fort heureusement, c’est sur un message d’espoir que s’achève ce roman, et sur la poignante éclosion de l’amour maternel.Editeur : Milady
Genre: Romance contemporaine
Date de sortie: 23/09/2016
Prix du livre papier : Broché 18,20€
Version numérique: 9,99€
ISBN: 2811218009Dans les premières pages j'ai songé au roman de Celine De Rosa : Elle(s) qui aborde le mal être d'une femme dans sa famille et qui sombre au point d'être internée. Il en est de même ici et tout comme dans le roman de Celine, on en ignore les raisons, que l'auteure nous fera découvrir de chapitres en chapitres avec un mode narratif particulier.
Dans un premier temps c'est à travers le journal intime de Jess que le lecteur fait la connaissance de la jeune femme et il suspecte que l’héroïne, au vu des réflexions désagréables de certains soignants, l'est pour comportement grave. A-t-elle nuit à la vie de son enfant, à Matthew son mari ? D'emblée Amanda Prowse instille le doute.
Nous passons en alternance du quotidien de Jess à son passé, avec une vie "de rêve" pour cette jeune femme dont est tombée amoureux Matthew. L'histoire n'est pas racontée par Jess, ni par Matt. Elle est à la troisième personne et donne un aperçu de tous les protagonistes. Nous découvrons une personne pétillante, pleine de vie, malgré un deuil passé, avec la perte de son frère. Le thème de la perte d'un enfant est particulièrement bien traitée par l'auteure quand Jess nous fait partager son passé et les réactions de ses parents, sa peine et son combat pour avancer et cette disparition prématurée qui reste douloureuse malgré les années pour tout parent.
Amanda Prowe brosse donc le portrait d'un adorable couple amoureux l'un de l'autre, entouré de parents aimants et d'amis fidèles. Une belle image d’Épinal,et l'arrivée d'un enfant, pas vraiment programmé ne vient pas entacher ce bonheur sans nuages, bien au contraire. Tout va bien dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que un rouage ne se grippe et que tout bascule quand les hormones se mettent de la partie et que l'accouchement se complique. Facteur déclenchant dans ce syndrome post-partum, pour Jess qui s'est trouvée coupée de sa fille, sa fille qui ne porte même le prénom que la jeune femme avait choisi pour elle?
Connait-on aujourd'hui les raisons qui font que certaines femmes souffrent de cette dépression post-partum ? Pourquoi certaines et pas d'autres et ce à divers degré de gravité ?
Avoir choisi de traiter ce thème est particulièrement intéressant, j'aurais aimé en connaitre les raisons. Et l'auteure maîtrise son sujet décrivant de manière particulièrement touchante cette souffrance psychologique, cette lutte de Jess pour se comporter comme il se doit, et cacher à tous son incapacité à aimer la petite Lilly qui séduit tout le monde.
Le style d' Amanda Prowe est plaisant et la lecture addictive, bien que le sujet soit douloureux, le lecteur n'aspire qu'à découvrir l'issue de ce drame familial, l'auteur affublant notre héroïne d'une des forme de dépression des plus sévères, transformant un conte de fée en cauchemar.
Le lecteur assiste, impuissant, à la noyade de la jeune femme, s'étonne et s'insurge parfois ne sachant que penser de ce drame au rebondissements inattendus.
C'est une histoire réaliste. On se sait plus si la fatigue est un signe de dépression, ou s'ajoute a celle-ci. On ne comprend pas toujours les réactions des divers protagonistes et l'on se demande quels sont leur degré de responsabilité dans cette histoire. Matthiew a-t-il minimisé les signes, pourquoi Jess se refuse-t-elle à appeler au secours, se rapprocher de sa mère ? Pourquoi Paz n'a-t-il pas insisté davantage ? Est-ce que quelqu'un aurait pu faire quelque chose afin d'éviter ce drame ?
Le journal de Jessica court sur plusieurs années de l'accident à nos jours. J'ai été un peu déçue par ce volet du récit, je l'ai trouvé bien trop peu approfondi, j'aurais aimé en avoir plus .
Malgré le fait que cette histoire soit émouvante et bouleversante, je sors toutefois avec un avis mitigé de ma lecture à cause de l'épilogue. Et ce pour plusieurs raisons que je vais avoir du mal à expliquer sans spolier. D'abord je ne sais que penser de ce drame et de la part de responsabilité de tout un chacun dans l'issue finale et je sors un peu déroutée par le comportement de Jess qui refuse l'aide de tous, mais surtout par l'histoire de Lilly. Est-ce plausible ? Ne sert-elle pas juste pour instiller cette note d'espoir avec laquelle l'auteure conclut son roman ?
Avec Gaelle
Extraits citations
" ce n'est pas juste de la fatigue, c'est... comme si j'étais enferme dans un endroit sans lumière"
"parfois quel que soit votre désir de faire une chose, vous ne pouvez pas, même si vous le souhaitez de tout cœur"
"-je voudrais ne l'avoir jamais eue, déclara Jessica en serrant les poings. Je ne sais pas qui c'est, ni pourquoi, elle est dans ma vie"
" -j'ai appris le plus important, c'est de rester dans l’instant présent et de profiter de chaque seconde."
"chaque journée paraissait un défi avant d'avoir commencé et ça l'épuisait"
"(...) moi quand je la regarde, je ressens... moins de choses que je ne devrais. Tout ce que je veux c'est dormir"
"nous sommes des parents avant tout, alors qu’autrefois, nous étions surtout des amants"
"Comment on les protège Matt ? J'ai tellement peur de me tromper ."
"- on ne peut savoir à l'avance combien les enfants changeront notre vie, pas vrai ? Je veux dire on se représente seulement le bon, la joie, le bonheur, mais suppose qu'il apportent du malheur de la tristesse, un deuil.. C'est un pari, non ?
- Oui, sans doute. mais le jeu en vaut la chandelle , Jess, répondit-il en lui pressant la jambe."
"inquiétude et la culpabilité que j’éprouve vis- a-vis de ceux que j'aime m’empêchent de considérer leurs visites comme des moments de joie"
" c'est ainsi que va le monde, parfois, il est cruel d'y vivre.
"— Quelles raisons elle aurait de déprimer ? Bordel de merde, tout ce qu'elle a à faire, c'est se balader à travers notre maison hors de prix, donner un biberon à notre bébé de temps à autre, et lui changer ses couches. (...)."
© A. Prowse
Tags : drame, littérature contemporaine, syndrome post-partum, dépression, journal intime, litterature anglaise, éditions milady, amanda Prowse
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Commentaires
1Gaelle GUITTONJeudi 24 Mai 2018 à 19:46J’arrive pas à comprendre où tu as été perplexe à la fin. Sachant que toi et moi on a relevé un point différent. J’ai relu ta chronique tellement elle est belleRépondre
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