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Les confessions de Frannie Langton
Un roman captivant
Dans la lignée de Sarah Waters et de Margaret Atwood, Sara Collins signe un roman noir gothique saisissant, qui nous plonge, entre la Jamaïque et le Londres du XIXe siècle, dans une véritable épopée où se mêlent colonialisme, esclavage et racisme ; culpabilité, amour et rédemption.
Esclave. Frannie Langton grandit à Paradise, dans une plantation de canne à sucre, où elle est le jouet de chacun : de sa maîtresse, qui se pique de lui apprendre à lire tout en la martyrisant, puis de son maître, qui la contraint à prendre part aux plus atroces expériences scientifiques...
Domestique. À son arrivée à Londres, la jeune femme est offerte comme un vulgaire accessoire à George et Marguerite Benham, l'un des couples les plus raffinés d'Angleterre.
Séductrice. Seule contre tous, Frannie trouve une alliée en Marguerite. Entre ces deux lectrices invétérées se noue un lien indéfectible. Une foudroyante passion. Une sulfureuse liaison.
Meurtrière. Aujourd'hui, Frannie est accusée du double-meurtre des Benham. La foule se presse aux portes de la cour d'assises pour assister à son procès. Pourtant, de cette nuit tragique, elle ne garde aucun souvenir. Pour tenter de recouvrer la mémoire, Frannie prend la plume...
Victime ? Qui est vraiment Frannie Langton ?Editeur : Belfond
Genre: Polar noir gothique
Date de sortie: 18/4/2019
Prix du livre papier : Broché 21,90
Version numérique: 14,99
Nb de pages : 408Par quoi commencer ? Tant les ressentis différents m'assaillent alors que je viens de tourner la dernière page de ce roman offert par Masse Critique Privilégiée et les Editions Belfond, que je remercie de m'avoir permis de découvrir le premier roman de Sara Collins.
L'auteur nous y tient rapidement captif en nous passionnant pour ce psycho-drame comme nous le découvrirons à travers ce turn-over dans lequel nous entraîne Frannie, la supposée meurtrière. La question initiale est: le doute est-il possible ? Ne l'a-t-on pas retrouvée couverte de sang dans le lit de sa maîtresse ? Dire qu'elle ne sait pas ce qui s'est passé est-il un argument de défense ? Est-elle victime d'une manipulation ? Il ne faut pas oublier que Frannie est une mulâtresse, fruit d'une relation entre un maître et une de ses esclaves, et dans le contexte historique les "noirs " sont considérés comme des sauvages.
C'est d'une manière très subtile que Sara Collins va appréhender tout un panel de sombres thèmes tels que l'esclavage, la condition féminine,la servitude, le colonialisme, l'ambiguïté du comportement des abolitionnistes, les expériences et les recherches anthropologiques, le racisme, le délit de faciès, l'homosexualité, l' intolérance, toujours tristement contemporains pour certains.
Comment alors, Frannie Langton, ancienne esclave, mulâtre de surcroît, peut-elle trouver sa place dans un monde régit par les blancs ? Oui, comment le peut-elle alors qu'être une femme est déjà un handicap ? Et l'on ne peut nier que Frannie les cumule les handicaps, et être instruite n'en est qu'un de plus dans ce contexte historique. Étonnant non ?
J'avoue que parfois l'enchevêtrement des sujets traités, m'a un peu perdue parfois, tout en enrichissant ma culture personnelle à d'autres. Il en est de même pour la complexité des personnages et je n'ai pas trouvé totalement les réponses à certaines situations empreintes de mystère. Pour d'autres le doute persiste.
Ce roman ne laisse pas indifférent, ils suscite tant d'émotions alors que l'on s'attache à Frannie et que l'auteure nous pousse à des questionnements sur la notion de liberté, sur les choix de chacun, sur la manipulation et les erreurs de jugement, les interprétations personnelles d'une même situation.
Le personnage de Meg quant à elle reste assez et énigmatique. Elle suscite à la fois compassion et colère pour l’ambiguïté de son personnage, sa façade de femme libre qui reste, pour des raisons terre à terre, assujettie à son mari. Dans cette demeure tous les membres sont esclaves de quelqu'un. Y compris Mr Benham, à une autre échelle dirai-je.
C'est au terme de cette lecture que le lecteur pourra présumer estimer connaitre Frannie à travers les images qu'elle nous renvoie à travers son récit, et encore ce n'est pas un certitude, tant elle ne dévoile qu'à demi-mots certains éléments de son passé et je dois admettre qu'il reste pour moi quelques zones d'ombres. Je le déplore un peu, tout comme le fait que je n'ai pu mettre un âge sur nos personnages.
Malgré tout ce roman nous tient en haleine jusqu'au dénouement, passionne et intrigue. Un auteur à découvrir.
L'auteur :
Sara Collins a étudié le droit à la London School of Economics et a exercé cette discipline pendant 17 ans. Depuis toujours, l’écriture la passionne, mais ce n’est que très récemment qu’elle a pris la décision de se lancer dans cette voie. Étudiante à la Cambridge University, elle a reçu le prix Michael Holroyd 2015 en « Re-creative Writing ». Son travail a notamment été shortlisté pour le Bath Short Story Award, le Lucy Cavendish Prize 2016, et publié dans The Caribbean Writer. Avec son premier roman Les Confessions de Frannie Langton, traduit en une dizaine de langues, elle fait une entrée très prometteuse sur la scène littéraire internationale.
Extraits citations
"La d'ou je viens, il existe plus d''une manière pour un homme de donner son nom à une femme. L'épouser ou l'acheter"
" Ecoute moi Frances. Elle cracha on prénom, comme une nouvelle dent qui se serait déchaussée. Ecoute-moi. Dans ce monde il n'y a rien de plus dangereux qu'une femme blanche qui s'ennuie. c'est compris ? "
"Lorsqu'on est noire dans une mer de blanc, on regrette de ne pas être invisible "
" Il m'a écrit : le noir ne deviendra pas blanc, pas davantage que le blanc ne deviendra pas noir. La purification des nègres n'est pas un objectif raisonnable"
"- Oh! (...) tu as d'abord été un pari, puis un cadeau ? C'est horrible. Mais parfois les hommes sont capables d'être horribles "
" la vie est une courte chandelle, mais l'amour est le désir éperdu du temps. J'étais donc vouer à désirer ce que je ne pouvais avoir "
© S. Collins
Tags : roman noir gothique, esclavage, homosexualité, racisme, XIXe siècle, littérature anglaise, Editions Belfond, Sara Collins
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Commentaires
un roman riche -
ça doit être assez dur---l'esclavage et tout ce qui va avec--- maltraitance-
bon week-end- bises-
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