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Tiré à quatre épingles
Parmi les milliers de voyageurs, Laurent erre seul dans le hall de la gare de Lyon, l'air paumé. Il vient de rater son CAP boulangerie et sa mère l'a mis dehors. Samy, escroc à la grande gueule, le repère rapidement. Il a bien l'intention de profiter de la naïveté de ce gamin aux chaussures vertes et l'entraîne dans un cambriolage. L'appartement dans lequel ils pénètrent est une sorte d'antichambre du musée des Arts premiers et regorge de trésors africains. Mais ils tombent nez à nez avec la propriétaire et collectionneuse. Comme elle s'est blessée en tombant dans les escaliers, ils lui viennent en aide avant de s'enfuir. Pourtant, quelques heures plus tard, elle est retrouvée morte, abattue de cinq balles tirées à bout portant. Le commandant Chanel, chargé de l'enquête, s'enfonce alors dans l'étrange passé de cette victime, épouse d'un ex-préfet assassiné quai de Conti peu de temps auparavant. Un polar haletant sur fond de sorcellerie qui nous dévoile les coulisses de la gare de Lyon et nous ouvre les portes du célèbre 36 quai des Orfèvres.
Tout d'abord merci à Babelio et à l'auteur ,pour ce roman reçu dans le cadre de Masse critique privé. C'est toujours plaisant de recevoir un livre, et découvrir ainsi des auteurs qui me sont complètement inconnus, français de surcroit, satisfaisant ainsi la chauviniste que je suis. Les bons auteurs de polars ne sont pas forcement Américains et pourtant j'apprécie de nombreux d'entre eux.
Fermons donc la parenthèse pour entrer dans le vif su sujet.
L'intrigue se situe à Paris dans les quartiers huppés de la capitale, et l'affaire confiée à notre très célèbre et mythique " 36 quai des Orfèvres". Nous rencontrons donc le commandant Chanel ( amusant non ce choix de nom ? tout comme ce titre : tiré à 4 épingles). Nous découvrons ainsi le fonctionnement de notre police et contrairement à ce que l'on pourrait penser avec un titre pareil c'est dans le monde des arts Africains que l'auteur nous transporte. J'ai ainsi découvert une culture qui m'était complétement inconnue , et appris à voir derrière les masques.
Et ce pas uniquement les masques Africains, mais aussi ceux derrière lesquels certains personnages se cachent. C'est au fil des pages que tout se dévoile, et l'auteur dénoue progressivement les nœuds de cette intrigue , dans laquelle la psychologie des personnages est finement mise en avant.
Ainsi même si nous n'en doutions pas , suite aux petits morceaux de puzzle qui s'emboitent à la perfection et assez facilement au fur et à mesure la belle et finalement cruelle Albane va nous révéler sa vraie nature. Et il m'est difficile , voire impossible d'avoir de l'empathie pour cette victime.
Que dire de plus de ce polar plutôt conventionnel , dans un style différent d'un Thilliez et autre auteur de même genre, si ce n'est qu'il ne nous fait pas bouder notre plaisir
Personnellement malgré cette approche classique, j'ai beaucoup apprécié le style, offrant une totale immersion dans des lieux géographiques que je reconnais, dans le monde des arts et non pas dans celui de la haute couture comme pourrait le laisser penser le titre, ici les épingles, possèdent un sens tout autre entre symbolique et sorcellerie. Quand à la gare , lieu qui invite au voyage, grâce à l'auteur nous y découvrons une vie que nous ne devinons pas, alors que nous arpentons ces allées, pour nous un simple endroit de passage.
Ce roman est donc très pédagogique , et l'auteur nous laisserait presque supposer qu'il connait intimement le quai des Orfèvres et le palais de Justice , tant il nous nous décrit parfaitement ces modes de fonctionnement. Peut être est ce le cas ? Ou le doit on à son talent de rendre les ambiances, les atmosphères de tous les endroits où il nous entraine ?
Peut on esperer que Pascal Marmet transforme son commandant en héros récurant comme beaucoup d'autres auteurs de polar ?
Personnellement j'aimerais que ce soit le cas, ce personnage , quoique un peu bourru est attachant, et l'approche de sa vie personnelle avec l'arrivée de Salomé, la passion de cet homme pour la musique, les allusions à son passé et sa vie solitaire , nous donnent envie de faire un peu de chemin avec lui. Quand à la résolution de l’énigme, je dois reconnaitre, que l'auteur sait surprendre même si certaines pistes exploitables, se confirment. Une fin qui laisse un gout amer, car parfois les coupables ne le sont pas toujours complétement, et les punitions bien sévères
En résumé découverte d'un très bon polar , assez addictif.
Extraits citations
" Comment guérit-on d'une enfance pourrie ? Pour oublier il cachait sa colère dans le brouhaha de la transhumance du monde ne partance. Vivre seul dans une foulitude de visages absents et pressés était devenu son principe de précaution pour ne pas sombre dans le manque d'affection qui l'avait vu naitre"
" - (..) êtes vous vous chanceuses mesdemoiselles ?
- si la chance s 'appelle la détermination alors oui"
" ses histoires de flics c'était au final comme le voyage en train : on se positionnait, on attendait le bon moment et on attrapait ce qui n'attendrait pas "
" Chanel pensait qu'a 60 ans on avait la gueule qu'on méritait. La gentillesse s'y lisait comme la méchanceté et tous les vices finissaient par se feuilleter sur nos rides"
"(..) qu'est ce que vous avez avez fait d’extraordinaire d e votre journée ?
- des milliers de choses ordinaires."
" (..) tout comme vous avez décidé que je suis musicien en voyant ds instruments de musique.Les choses ne sont pas toujours ce que nous voyons"
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Tags : policier, sorcellerie, art africain, quai des orfèvres, litterature française, Pascal Marmet, Babélio
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Commentaires
Encore bravo pour ta chronique ça donne envie bisous