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N 'Ba
« Ba » veut dire mère en bambara. « N’Ba » signifie « ma mère ». N’Ba est l’hommage d’une fille, Aya Cissoko, à sa mère, née dans un petit village malien et qui débarque en France au milieu des années 70, habillée d’un simple boubou en wax, et chaussée de tongs en plastique.
Le livre s’ouvre sur la mort de cette mère, que l’auteur fait revivre en fouillant dans ses propres souvenirs. C’est l’occasion pour le lecteur de plonger dans la culture de l’Afrique de l’Ouest où les femmes sont les piliers de la famille, en charge de l’éducation des enfants, gardienne des traditions et de leurs transmissions, gardiennes de la langue aussi, qui rythme ce texte.
N’Ba est ainsi le regard croisé de deux femmes : la mère, qui se bat pour la préservation de son identité malgré une vie qui n’est qu’une succession d’épreuves ; sa fille, qui tente de se construire en rupture avec ce qui a fait sa mère. Deux femmes que leur destin rapproche et sépare à la fois.
Roman, autobiographique d'Aya Cissoko boxeuse et écrivaine Franco- Malienne.
je remercie Net Galley et les éditions Calman-Levy pour m'avoir permis de faire cette belle découverte.
Vibrant hommage à sa mère, née dans un petit village malien et qui débarque en France au milieu des années 70, habillée d’un simple boubou et chaussée de tongs en plastique. Une plongée dans la culture Africaine, sa culture, ses coutumes que sa mère, s'efforce d'appliquer afin de préserver son identité en premier lieu à travers son mode vestimentaire, et une fille qui compose avec la sienne, (sa personnalité rebelle entre autre ) qui deviendra championne de boxe ( pas vraiment le genre de vie ce que sa mère espérait, elle, qui lui a rappelée toute sa vie qu'elle est une fille)
L'auteure nous raconte sa mère, son grand attachement au sens de valeurs, nous découvrons la culture malienne, la place des hommes et celles des femmes , comme les clans fonctionnent en France , en dehors du Mali avec les implications au sein de la communauté malienne à Paris. Préserver les coutumes locales ( si loin de la brousse), ce qui ne facilite l’intégration.
Nous découvrons deux mondes différents et nous sommes en 1970 cependant.
Comment donc s’intégrer quand on tout juste sortie de l'enfance , mariée deux fois à des étrangers, que du jour au lendemain, on se retrouve dans un lieu si petit et si clos qu'est un appartement dans une grande ville ?
Pourtant l'auteure va nous faire découvrir une femme hors du commun qui tout en suivant les nombres codes et règles imposés par sa culture (la place de la religion y est importante ) va toute fois être très actrice de sa vie.
Pour la jeune Aya l'auteure, les règles sont strictes en matière d'éducation et les punitions fréquentes , ( pour Ma seul moyen qu'elle connaisse pour faire marcher droit, un mode éducatif , celui transmis) , il pourrait nous choquer, et l'on parlerait aujourd'hui de maltraitance.
Après donc un long conflit mère /fille , l'auteure réalise, comme c'est souvent le cas, qu'il est important de s’intéresser à nos parents, en effet certains ont des vies hors normes, des parcours des plus insolites.
C'est le cas ici , le courage qu’il a fallu pour tout quitter sans espoir de retour et dans l’incertitude la plus totale sur l’issue du voyage, et même, sur son arrivée dans un pays perçu comme l' Eldorado qui finalement n'en est pas un. Combien ont ils été à y croire et le faire ?
Aya nous raconte le conflit intime de sa mère, son attachement aux coutumes et à la communauté, son déchirement de voir ses valeurs se diluer, elle ne trouve rien de bon dans cette société dans laquelle elle a du mal trouver sa place et vers laquelle ses enfants s’échappent .
Un très bel hommage, à sa mère et à toutes les femmes très courageuses qui ont quitté leurs familles et leur pays.
Ce qui m'a dérangée, toutes les phrases traduites en Malien, beaucoup trop nombreuses, de ce fait la lecture a manqué pour moi d'un peu de fluidité. mais en contrepartie la version française m'a beaucoup fait sourire, j'aurais vraiment aimer rencontrer la mère de l'auteure, un sacré personnage.
En conclusion je dirai que ce roman est un gros coup de cœur, malgré les disputes, la relation mère fille est très puissante, elle prend toute sa dimension lors du décès de sa mère, et nous fait prendre conscience comme sont importantes les valeurs familiales transmises ainsi que les traditions, et surtout qu'il ne faut jamais oublier d’où l'on vient, ni renier ses racines, c'est notre héritage il nous faut le transmettre , il est ce que nous sommes, même si au fil des générations, il est le résultats de plusieurs cultures.
J'ai aussi eu envie d 'en savoir plus sur l'auteure Aya Cissoko et sa carrière de boxeuse, car elle nous fait par dans ce roman autobiographique, du role important qu'ont joués dans sa vie ses entraineurs, à qui elle voue un grand respect. J'ai très envie de découvrir son autre roman Danbé
en l'espace d'une année championne de France, championne de l'Union Européenne, Championne d'Europe, Championne du monde.
Extraits citations
" longtemps j'en ai voulu à Ma de m’enrôler dans les combats épiques " Et oui la vie c'est comme çà" nos sorts étaient intimement liées, les défaites et les victoires des uns affectaient la réussite des autres J'ai souvent eu envie de quitter le champ de bataille."
"il n'y a pas plus important que la mère"
"l 'intégrité ne paie plus mais la mort ne se refuse à personne Le tout de chacun viendra et il faudra alors rendre des comptes"
"- une bosse à l’entrejambe ne fait as de toi un homme Seul compte le chemin que tu empruntes"
"je prends sur moi depuis que la mort de Ma est l'affaire de tous et surtout des homme.."
" Elle disait faut pas m’énerver "un point , deux points"au lieu de point final"
"la mort fait partie de la vie , le savoir permet de la respecter"
" a quoi sert la liberté si tu n'en fait rien "
" Ma n'est pas une Blanche :" C'est comme çà qu'on m'a appris au Mali" Même si les traditions se perdent là-bas aussi. Ma n'a pas l'intention de changer " Moi y 'en a rien à foutre !"
"il m'appelle "sa fille", il est mon papa blanc. Rien n'importe plus à Jeannot qu'être libre Il a quelque chose de Ma chez lui, de l'ordre, de la récolte contre l’injustice. Jeannot se bat pour la dignité de l'être humain."
Tags : autobiographie, Mali, famille, traditions, integration, deuil, litterature française, boxeuse, Aya Cissoko, femme, Afrique
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Commentaires
2PatpépetteMercredi 30 Mars 2016 à 07:21
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J'espère le lire très bientôt ce livre. J'adore les témoignages et celui-là, me fait de l'oeil :)