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Patients
Il y a une quinzaine d’années, en chahutant avec des amis, le jeune Fabien, pas encore vingt ans, fait un plongeon dans une piscine. Il heurte le fond du bassin, dont l’eau n’est pas assez profonde, et se déplace les vertèbres. Bien qu’on lui annonce qu’il restera probablement paralysé à vie, il retrouve peu à peu l’usage de ses jambes après une année de rééducation.
C'est le plus grand des hasard qui me fait passer d'une romance avec le handicap en toile de fond Avant toi de Jojo Moyes ( et j'ai pleuré comme une madeleine) à ce témoignage autobiographique de Fabien 20 ans ( et là je me suis bidonnée comme une bossue) Déconcertant choquant ?
J'explique
C'est avec humour et dérision , avec une plume poétique, drôle tantôt incisive que Fabien n'a nous faire partager son quotidien dans son centre de rééducation.
Une rencontre avec les patients comme lui à divers stades de handicaps.
C'est un message d'espoir, c'est son cheminement vers la sortie., c'est de prendre consciecne qu'en une seconde votre vie peut basculer : accident de voiture, de moto, de piscine ...
C'est l'histoire de ses rencontres humaines avec des patients (certains au pronostic pessimiste) , l'équipe soignante. Une très belle galerie de portraits.
Il nous entraine dans son quotidien de dépendant et ceux des autres , mais ce n'est vraiment pas triste, car cette petite bande trouve moyen de "niquer " le temps, comme il aime à le répéter en se lançant dans des aventures osées et cocasses.
C'est simplement le détail du quotidien des patients patients handicapés , l'auteur ne partage pas vraiment ses sentiments et émotions avec nous.
Dire s'il m'a apporté quelque chose ?
Rien que je ne savais deja : que certains soignants ne sont pas toujours aussi empathiques qu'on pense qu'ils devraient l’être,qu'ils sont débordés, et que certains sont vraiment formidables.
Par contre j'ai découvert que les jeunes de 20 ans restent des jeunes de 20 ans handicap ou pas et peut être est ce qui leur permet de s'en sortir , les plus âgés ont plus de mal .On se croirait dans une colonie de vacances avec des monos chahuteurs sauf que..
ils sont dans des fauteuils, limités dans leurs actions, dépendants plus ou moins totalement et pourtant il trouvent moyens de délirer , de se défier.
Certaines scènes sont très cocasses et voire surréalistes ( Christiane , l'infirmière aux deux mains gauches j'adore) , ce n'est pas larmoyant bien au contraire l'on sourit et l'on rit souvent et pourtant le sujet ne prête pas à rire loin sans faut.
Un livre pour vous réconcilier avec la vie
165 pages , une petite heure de lecture
Je dit bravo Fabien ! Toutefois c'est peut être plus facile pour lui de nous faire ce témoignage avec humour , puisqu'il a pu récupérer par la suite.
Je dois avouer que je ne connaissais pas du tout l'auteur, ni son parcours, ni son succès et sa carrière musicale
A vrai dire le slam n'est pas vraiment mon style de musique
Extraits citations
" j’évite de penser au pire et je prend les progrès comme ils viennent"
" le couloir des TC c'est un peu l'ambiance du clip " thriller " de Michael Jackson, mais dans un couloir aseptisé"
" a tout moment de la journée on est très dépendant du planning des aides soignants .Ils ont chacun plusieurs chambres à gérer, plusieurs douches à donner.. Si bien que tu ne peux pas les déranger pour un oui ou non. D'abord tu peux toujours essayer, ils ne sont pas au garde à vous quand tu les appelles."
"Quand tu es dépendant des autres pour le moindre geste il faut être pote avec la grande aiguille de l'horloge. la patience est un art qui s'apprend patiemment"
" elle est marrante cette phrase réflexe: Ne bouge pas. Dans notre situation elle est complémentent inappropriée mais on nous la sort quand même à tout bout de champ"
" personne dans ce bateau ne sait quand ce voyage s’arrêtera et jusqu'au il peut nous mener"
" l'avantage c'est qu'on ne recherche pas forcement un lieu avec des bancs ou des chaises . Nous quel que soit le lieu ou on va on est déjà assis"
"J’étais allongé sur un brancard, dans le couloir. ...Un médecin était passé, s’était penché au-dessus de moi et m’avait regardé. Je le regardais dans les yeux, il voyait bien que j’étais tout à fait conscient, mais que je ne pouvais lui parler à cause des tuyaux dans la bouche. Il m’avait dévisagé, mais n’avait aucunement éprouvé le besoin de me dire bonjour. Au lieu de ça, il avait ouvert mon dossier médical posé sur brancard et s’était mis à crier juste au-dessus de moi « il est à qui, ce tétra, là ? »
" j'ai eu un accident 15 jours avant mes 20 ans qui va m’empêcher de faire du sport le reste de ma vie..Dans le meilleur des cas je vais passer les 60 prochaines années avec des béquilles. J'aurais aussi pu dire que c'etait quand même mieux d'avoir ce genre d'accident a 40 ans plutôt qu'à 20, mais bon si on n'a plus le droit de se plaindre..."
" je les verrais toujours comme des icônes de courage, mais un courage de héros, un courage subi,forcé imposé par l'envie de vivre"
"un matin c'est la charmante Christiane ...qui s'occupe de notre chambre. malgré son physique de lutteuse.. elle n'est pas très forte et je lui demande si elle est certaine de pouvoir me transférer sur le fauteuil de la douche ou si elle ne préfère pas appeler un homme. Elle me répond que çà va aller, je fais confiance.
Ben parfois faut pas faire confiance..."
"Tout le monde s'habitue. C'est dans la nature humaine. On s'habitue à voir l'inhabituel, on s'habitue à vivre des choses dérangeantes, on s'habitue à voir des gens souffrir, on s'habitue nous-mêmes à la souffrance. On s'habitue à être prisonniers de notre propre corps. On s'habitue, ça nous sauve."
Tags : temoignage, handicap, tétraplégie, humour, Grand corps malade, litterature française, echanges de livres entre copinautes
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Commentaires
surement intéressant de voir de l'autre côté de la barrière ! une leçon de vie ! bonne journée